Conçue à partir de produits naturels sans danger pour la santé et l’environnement, la coloration végétale a de bons arguments pour séduire. Application, résultats, tenue, le point avec Anthony Baudet et Raphaël, coiffeurs experts de cette technique.
La promesse de la coloration végétale ? « Une couleur profonde qui évolue au fil du temps, en s’éclaircissant sans effet racines et, qui, surtout est beaucoup plus douce pour les cheveux », égraine avec conviction Raphaël, coiffeur coloriste expert de la coloration végétale à Paris. Dans son salon de coiffure spécialisé dans la couleur végétale, Moment Couleur*, ce professionnel des mélanges non toxiques cherche à « sublimer » la couleur naturelle de chaque femme. « J’utilise des produits que je fais fabriquer sur mesure en Belgique. Ici, j’allie de la coloration sans ammoniaque à des pigments végétaux », précise-t-il.
Situé à quelques kilomètres de Nantes, Anthony Baudet** est lui aussi convaincu, depuis près de 10 ans, des bienfaits de cette méthode. Au quotidien, il propose à ses clientes de chouchouter leurs cheveux avec des soins élaborés à partir de produits naturels bio (karité, argile, huiles végétales – argan, macadamia, jojoba, colza). Quant aux colorations proposées à sa clientèle, elles sont 100% naturelles, composées de plantes tinctoriales et médicinales (le henné, l’indigo, le jujubier, la carthame). Ce type de coloration végétale, appelé coloration végétale ayurvédique, permet d’apporter – en plus de la coloration de la fibre et de la couvrance associée – de la brillance, de la tonicité et de l’éclat aux cheveux. Un deux en un qui allie couleur et soin en somme.
La coloration végétale, c’est pour qui ?
A priori, toutes les femmes (et tous les hommes) peuvent avoir recours à la coloration végétale. Cette méthode est particulièrement indiquée aux personnes allergiques à la coloration chimique classique, aux femmes enceintes ou encore aux personnes ayant subi de lourds traitements médicamenteux de type chimiothérapie. Elle permet de reproduire de nombreuses couleurs pourvu que celles-ci existent dans la nature (brun, châtain, chocolat, acajou, ébène).
Si l’on recherche une transformation radicale (blond platine, silver, couleur pastel), il faudra néanmoins se tourner vers la coloration d’oxydation. En effet, la coloration végétale ne peut à elle seule éclaircir une couleur de base, mais seulement la foncer ou la conserver en y ajoutant de belles nuances et reflets.
Comment passer à la coloration végétale après une coloration chimique ?
Si on a l’habitude de colorer ses cheveux avec des colorations chimiques classiques (dont le pouvoir couvrant n’est plus à prouver), Anthony Baudet recommande de détoxiner les cheveux -une période de transition qui nécessite du temps et donc de la patience. Pour se faire, l’expert préconise l’application de masques à l’argile verte (à raison, en moyenne, d’un par semaine pendant un mois) avant l’application d’une coloration végétale.
« L’argile permet de détoxiner le cheveu en absorbant les impuretés et résidus, et à la couleur végétale d’accrocher, car contrairement à la couleur d’oxydation, la coloration végétale n’ouvre pas les écailles du cheveu mais se dépose sur la fibre », explique-t-il.
Comment s’applique ce type de coloration ?
Le professionnel prépare une mixture à partir de poudre et d’eau chaude, en fonction de la couleur souhaitée. « Chaque couleur est unique car la couleur définitive dépend de la base des cheveux, mais aussi du temps de pause », précise Anthony Baudet. Lorsque nous avons testé la méthode, nous avons eu droit, pour notre châtain foncé, à un mélange de henné et d’indigo (pour contrebalancer les effets cuivrés du henné). Il faut s’armer de patience car le temps de pause est plutôt long (compter minimum 1h30). Le résultat est toujours teinté de légères nuances, uniques, qui dépendent surtout de notre base naturelle.
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Même approche pour Raphaël qui crée son mélange de coloration sans ammoniaque et de pigments végétaux à la minute. « Avec une coloration classique bourrée d’ammoniaque, les écailles du cheveu s’ouvrent rapidement. Ici, il faut attendre que les pigments imprègnent la fibre capillaire sans cette aide. Plus on souhaite de couvrance, plus il faut laisser poser longtemps », note-t-il logiquement.
Couvre-t-elle les cheveux blancs ?
Le plus surprenant avec cette méthode ? La couleur n’est pas définitive au sortir du salon. Elle continue d’évoluer pendant environ 48 heures avant de se fixer -il est d’ailleurs recommandé de ne pas procéder à un shampoing dans ce laps de temps. Aussi, tout de suite après, on voit encore nos cheveux blancs, en transparence. Puis ils disparaissent. La coloration végétale couvre l’ensemble de la chevelure selon la couleur de base, donc les cheveux blancs seront légèrement plus clairs que ceux qui ont conservé leur pigmentation naturelle, mais la repousse est uniforme : pas d’effet racines disgracieux.
« Certaines femmes -notamment celles qui ont beaucoup de cheveux blancs- peuvent ne pas être satisfaites par la couvrance de cette technique. Dans ce cas, on recommande une double application de la coloration pour une couvrance plus efficace mais c’est encore plus long « , explique Anthony Baudet. Et Raphaël d’ajouter : « Si la coloration végétale est bien appliquée, on n’aura ni reflets disgracieux, ni effet racines ou cassure qui contraste dans la chevelure. Au contraire, la coloration va s’éclaircir joliment, se patiner, sans créer de démarcation. Généralement, cela permet d’espacer les rendez-vous chez son coiffeur « .
Et après : quel résultat, quel entretien ?
Pour entretenir sa coloration, on lave ses cheveux avec un shampoing doux, au PH neutre, si possible, exempt de sulfates et tensioactifs au pouvoir détergeant. Au fur et à mesure que le temps passe, on remarque que la texture des cheveux s’améliore. Nous concernant, cela s’est traduit par moins de frisottis, plus de douceur et de brillance mais aussi plus de volume. Quant à nos cheveux blancs, ils sont réapparus d’un coup, mais au bout d’un mois et demi, contre 3 semaines en moyenne avec une coloration d’oxydation.
Enfin, côté porte-monnaie, l’addition est souvent moins salée. On compte en moyenne 80 euros pour ce type de coloration en salon dans lesquels la technique fait une belle percée ces dernières années.
Brun, par Moment Couleur.
Roux, par Moment Couleur.
Châtain, par Moment Couleur.
Peut-on repasser à la coloration chimique après une coloration végétale ?
« Sans aucun problème », assure Raphaël qui émet cependant un bémol concernant les colorations à base de henné. « Une fois posée, cette plante très tenace ne permet plus d’éclaircir la chevelure, ou alors il faut attendre longtemps la fuite de tous les pigments. » Le risque ? « Se retrouver avec les cheveux verts ou roses ou bleus en fonction des pigments du henné préalablement appliqué « .
Les grands acteurs de la cosmétique veulent (aussi) leur part du marché
Preuve de l’attractivité du naturel au rayon capillaire : le récent développement d’un protocole 100% végétal en salon par L’Oréal Professionnel. La nouvelle coloration de l’expert de la coiffure, Botanéa, est en effet formulée uniquement à base de trois plantes venues d’Inde.
On trouve également des colorations végétales prêtes à l’emploi pour une application à la maison dans le commerce, en magasin bio, parapharmacie, sur certains e-shop spécialisés dans la cosmétique naturelle (aroma-zone.com, mondebio.com) mais aussi bientôt en grande surface : depuis le printemps 2018, Garnier (groupe L’Oréal) propose à la vente Color Herbalia, une coloration végétale dont la gamme composée de 10 nuances, affichée au prix de 12,90 euros.
*Moment Couleur, 64, Boulevard Saint Germain, 75005 Paris – Tél : 01 42 01 69 48 / **Salon Les Astuces Bio, 55 rue Henri Delahaye 44120 Vertou – Tél. : 02 40 31 09 33 lesastucesbio.fr
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