- Une bibliothèque en langue ukrainienne riche de 500 livres vient d’ouvrir ses portes dans un café associatif à Rennes.
- Le projet vise à assouvir la soif de lecture des réfugiés ukrainiens qui ont fui leur pays sans aucun livre dans leurs valises.
- C’est aussi un moyen pour les enfants de garder un contact avec leur langue maternelle.
Elle a fui avec sa famille son pays en guerre, n’emportant dans ses valises que le strict minimum. Arrivée à Rennes en avril 2022, Lana Shchegel s’est assez vite acclimatée à sa nouvelle vie. A une nouvelle langue aussi qu’elle continue d’apprendre. Mais « un besoin naturel » s’est rapidement fait sentir une fois en France. « J’ai cherché mais il n’y avait aucun livre en langue ukrainienne ici, raconte cette mère de famille. C’était frustrant car la lecture est une passion dans ma famille. Ma fille me réclamait une histoire le soir mais je n’avais qu’un livre en français et je ne maîtrisais pas la langue à ce moment-là. » Un manque de littérature que les 4.500 réfugiés ukrainiens accueillis depuis le début du conflit en Bretagne ont sûrement eux aussi éprouvé.
Pour le combler, une bibliothèque en langue ukrainienne, « la plus grande de France », vient d’ouvrir ses portes au sein du café culturel associatif L’Antre-2, situé rue Papu à Rennes. L’initiative est portée par l’association Solidarité Bretagne-Ukraine, fondée en 2014 au début des hostilités dans le Donbass. Ses membres apportent un soutien juridique aux réfugiés, les aidant dans leurs démarches administratives. L’association organise aussi des rassemblements pour la paix dans la capitale bretonne et entreprend depuis peu des actions culturelles. « C’est notre identité et notre langue que l’on cultive, souligne Ivanna Kushnir-Baron, présidente de l’association. Et en temps de guerre, la culture est le dernier rempart contre la barbarie. »
« Garder un lien avec notre pays »
En plus des ateliers cuisine et la chorale, ces mères ukrainiennes se sont donc mis en tête de constituer un stock de livres pour satisfaire les envies de lecture de ces adultes et enfants déplacés à cause de la guerre. « C’est important de garder ce lien avec notre pays et que les enfants gardent contact avec leur langue maternelle », assure Natalina Khomenko, responsable de la bibliothèque au sein de l’association.
En tout, près de 500 livres ont été achetés en Ukraine, grâce notamment au soutien financier du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine et de la Fondation du Grand Orient de France, et acheminés par camions. On trouve dans le catalogue des livres du programme scolaire ukrainien, des contes traditionnels mais aussi des traductions de grands classiques de la littérature comme Harry Potter ou Le Petit Prince.
A peine inaugurée, la bibliothèque, ouverte tous les dimanches et un mercredi par mois, se cherche toutefois déjà un nouveau lieu. « On savait que la solution à L’Antre-2 était temporaire, indique Ivanna Kushnir-Baron. On cherche donc une médiathèque ou une bibliothèque qui pourraient nous accueillir ou alors un local. » A terme, leur rêve serait d’ouvrir une Maison de l’Ukraine dans la capitale bretonne pour renforcer encore les liens entre leur pays et leur nouvelle région d’adoption.
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